L’autre jour, je prenais un café avec une autre expatriée et nous échangions sur nos expériences de vie et de travail à l’étranger lorsque le sujet de la réintégration et du choc culturel inversé est apparu.
« As-tu déjà vécu une réintégration ? », m’a-t-elle demandé.
« Non », ai-je répondu.
Elle s’est empressée de m’avertir : « Tant mieux ! Ne le fais pas, c’est le pire ! »
Cette expatriée avait la chance de savoir quelque chose que beaucoup d’autres, ayant vécu à l’étranger, ignorent : le processus de retour au pays, ou repatriation, est souvent aussi difficile (voire plus difficile) que le départ à l’étranger.
Bien que je n’aie jamais vécu ce retour en tant que « repat » moi-même, j’ai accompagné au fil des ans de nombreux gens dans leur transition vers leur pays d’origine après plusieurs années passées ailleurs. Et même s’il est impossible d’éviter tous les obstacles de la réintégration, il existe des moyens de rendre l’ajustement plus fluide et supportable.
1. Accepter la réalité du choc culturel inversé
Beaucoup de personnes pensent que rentrer chez soi signifie retrouver un environnement familier. Mais cette attente conduit souvent à un choc culturel inversé encore plus fort lorsqu’elles découvrent que le retour n’est pas aussi simple qu’elles l’imaginaient.
Revenir au pays n’est pas simplement « rentrer à la maison ». C’est s’installer dans un nouveau pays, une nouvelle culture, car vous avez changé durant votre expatriation et vous percevez désormais les choses sous un autre angle.
Tout comme l’expatriation suit des phases de choc culturel (lune de miel, déni, colère/fuite, puis réconciliation), la réintégration suit les mêmes étapes.
Plus vite vous acceptez que ce soit une période de transition, avec ses hauts et ses bas, moins vous serez déstabilisé par les émotions inconfortables qu’elle entraîne. Dans cette phase, vous devez être votre propre allié et vous dire : « Ces sentiments sont normaux », au lieu de vous juger avec des phrases comme : « Pourquoi est-ce si difficile ? Cela devrait être facile. »
2. Se préparer avant même de partir
Si vous n’avez pas encore fait vos valises pour le retour, il existe plusieurs façons de vous préparer. Un élément essentiel consiste à dire adieu consciemment au pays que vous quittez. Quelques idées :
- Revisiter vos restaurants et lieux préférés
- Organiser une fête d’adieu avec vos amis
- Écrire ou bloguer un résumé de votre expérience à l’étranger
- Créer un rituel symbolique, comme écrire une lettre d’adieu dans votre parc favori en écoutant la musique que vous associez à ce lieu
Même si vous n’aimez pas les adieux, sachez que des études montrent que les fins bien marquées nous rendent plus heureux et facilitent le passage à la nouvelle étape.
Il est recommandé aussi de réfléchir à certaines questions avant de rentrer, comme :
- Quelles sont mes attentes vis-à-vis du retour au pays et quels changements ont pu avoir lieu ?
- Quelles nouvelles habitudes ou réalités devrai-je accepter ?
Plus vous serez réaliste sur la transition, moins le choc sera brutal à votre arrivée.
3. Travailler son « kit de survie émotionnel »
Avec l’excitation et la logistique d’un retour, il est facile de mettre de côté son bien-être émotionnel. Beaucoup de mes clients ont réalisé qu’ils négligeaient leur santé mentale en rentrant. Pourtant, prendre le temps de pratiquer l’auto-soin et de réfléchir aux stratégies qui ont fonctionné dans le passé s’avère crucial.
Demandez-vous :
- Quelles méthodes m’ont aidé à gérer les difficultés à l’étranger ?
- Quelles habitudes renforçaient mon équilibre mental et émotionnel ?
Voici quelques éléments fréquemment intégrés dans ces « kits de survie » :
- Faire de l’exercice
- Dormir suffisamment
- Tenir un journal
- Cuisiner
- Parler avec des amis de confiance
- Méditer ou prier
- Créer (écriture, art, musique…)
- Noter chaque jour une petite chose qui vous a fait sourire
- Consacrer du temps à vos activités de joie
4. Construire son nouveau foyer et sa nouvelle identité
Le choc culturel inversé se produit souvent parce que l’on essaie de redevenir une personne que l’on n’est plus, dans un endroit qui a lui aussi changé.
Interrogez-vous : quels éléments de votre vie d’expatrié souhaitez-vous intégrer dans votre retour ?
- Avez-vous pris l’habitude de marcher partout ? Choisissez un logement près de commerces ou cafés accessibles à pied.
- Aviez-vous un blog ? Continuez à écrire, peut-être avec une nouvelle orientation.
- La cuisine locale vous manque ? Cherchez des restaurants de cette gastronomie ou essayez des recettes à la maison.
Beaucoup de rapatriés ressentent une grande solitude. Vos proches ne comprennent pas toujours ce que vous avez traversé. Rejoignez des groupes internationaux, participez à des échanges linguistiques, ou connectez-vous avec d’autres « repats ».
Enfin, l’ennui est courant au retour : après une vie riche en découvertes, la routine peut sembler terne. Les pratiques de pleine conscience aident à retrouver l’extraordinaire dans l’ordinaire.
5. Envisager un accompagnement professionnel
Si le retour vous pèse trop, n’hésitez pas à consulter un coach, thérapeute ou conseiller spécialisé dans la réintégration. Beaucoup offrent un premier rendez-vous gratuit pour cerner vos besoins.
Un accompagnement peut vous aider à :
- Identifier les facteurs qui compliquent votre transition
- Apprendre de nouvelles stratégies de gestion du stress
- Mettre en place un plan de soins personnels
- Renforcer votre résilience émotionnelle
- Dépasser des croyances limitantes
- Pratiquer l’auto-compassion
- Identifier vos valeurs et les intégrer à votre vie quotidienne
- Faire le deuil de votre ancienne vie à l’étranger
Comme le dit une célèbre citation d’Eric Roth (scénario de L’étrange histoire de Benjamin Button) :
« C’est étrange de rentrer chez soi. Rien ne change. Tout paraît identique, tout sent pareil… Mais ce que l’on réalise, c’est que c’est nous qui avons changé. »