À travers le monde, la compréhension du fonctionnement des remèdes à base de plantes varie énormément. Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, on attribue l’efficacité des plantes aux esprits ou à une force invisible. Dans d’autres cultures, c’est l’apparence ou la structure même d’une plante — sa « signature » — qui indiquerait ses vertus médicinales.
La sagesse des animaux
L’observation du comportement animal a joué un rôle essentiel dans l’usage médicinal de nombreuses plantes, et ce domaine fait aujourd’hui l’objet d’études scientifiques. Des ours aux serpents, on a constaté que les animaux consomment certaines plantes médicinales uniquement lorsqu’ils en ont besoin. Parfois, ils développent aussi un goût pour des plantes aux effets généraux. L’exemple le plus connu reste celui du café : la propriété stimulante du caféier (Coffea arabica) aurait été découverte après que des bergers ont remarqué l’agitation de leurs chèvres après avoir mangé les baies rouges de l’arbuste.
L’énergie des plantes
De nombreux praticiens en phytothérapie estiment que les plantes agissent aussi sur un plan énergétique : chaque espèce posséderait une vitalité propre, comparable à une force électromagnétique. Comprendre cette « force vitale » permettrait d’affiner l’usage thérapeutique d’un remède et de mieux l’adapter aux besoins particuliers des patients.
Cependant, la recherche scientifique reste la source la plus fiable pour garantir qu’un remède est sûr et efficace. L’étude des plantes médicinales et de leurs constituants chimiques permet de comprendre leurs mécanismes d’action et d’identifier précisément leur potentiel thérapeutique.
Les constituants actifs des plantes médicinales
Les plantes contiennent généralement des centaines de composants, mais seule une petite partie agit directement sur la santé. Connaître les constituants actifs d’une plante permet de prédire ses effets thérapeutiques. Par exemple, les fleurs de tilleul (Tilia spp.) renferment une huile essentielle aux propriétés sédatives, des flavonoïdes, du mucilage et des phénols. Ces éléments expliquent leur utilisation traditionnelle : favoriser le sommeil et la détente, calmer les maux de tête et la fièvre, faire baisser la tension et soutenir la circulation sanguine.
Principaux types de constituants actifs et leurs effets
- Phénols – Anti-inflammatoires, antiseptiques et antioxydants (ex. : acide salicylique de l’écorce de saule, Salix alba).
- Huiles essentielles – Mélanges complexes aux effets variés : stimulants, sédatifs, anti-inflammatoires ou insecticides (ex. : huile essentielle de tea tree, Melaleuca alternifolia).
- Flavonoïdes – Pigments antioxydants bénéfiques pour la circulation, certains ayant une action œstrogénique (ex. : rutine dans le citron, Citrus limon).
- Tanins – Astringents, puissants antioxydants et anti-inflammatoires (ex. : catéchines de l’hamamélis, Hamamelis virginiana).
- Coumarines – Propriétés anticoagulantes ou antispasmodiques (ex. : esculine du marronnier d’Inde, Aesculus hippocastanum).
- Saponines – Composés proches des hormones, souvent à action hormonale ou anti-inflammatoire (ex. : dioscine de l’igname sauvage, Dioscorea villosa).
- Anthraquinones – Laxatives à doses appropriées (ex. : sennosides de la séné, Cassia spp.).
- Hétérosides cardiotoniques – Agissent sur le cœur, puissants mais souvent toxiques (ex. : digitoxine de la digitale pourpre, Digitalis purpurea).
- Glycosides cyanogéniques – Contiennent du cyanure ; à faibles doses, ils sont sédatifs et relaxants (ex. : sambunigrine du sureau, Sambucus nigra).
- Polysaccharides – Apaisants pour les muqueuses, à effet émollient (ex. : mucilage de l’orme rouge, Ulmus rubra).
- Principes amers – Stimulants de l’appétit, de la digestion et régulateurs du rythme cardiaque (ex. : amarogentine de la gentiane, Gentiana lutea).
- Alcaloïdes – Grande diversité de composés très puissants, certains devenus des médicaments majeurs (ex. : morphine, issue du pavot).
Enfin, de nombreuses plantes médicinales apportent aussi des nutriments, vitamines et minéraux. Dans certains cas comme la luzerne (Medicago sativa) ou les algues (Fucus spp.), ces apports sont significatifs, mais la plupart du temps, ils ne sont présents qu’à l’état de traces.