À l’échelle mondiale, la phytothérapie représente l’une des ressources les plus importantes de l’humanité pour traiter et soulager les maladies. Si la médecine biochimique moderne domine largement dans les pays occidentaux, la situation est bien différente ailleurs. En Chine et en Inde notamment, la médecine traditionnelle occupe une place aussi importante que la médecine conventionnelle, et l’immense majorité des remèdes utilisés sont issus des plantes.
Médecine traditionnelle et usage moderne
En Chine, les patients peuvent choisir entre un traitement traditionnel ou biochimique. En pratique, la médecine conventionnelle est privilégiée pour les maladies aiguës et graves, tandis que les plantes médicinales sont recommandées pour les affections chroniques et de longue durée.
L’ampleur de la médecine traditionnelle chinoise a favorisé d’importants travaux de recherche et de développement. C’est ainsi qu’à Shanghai, des études cliniques sur l’armoise annuelle (Artemisia annua) ont démontré son efficacité exceptionnelle contre le paludisme. En 2015, la chercheuse principale, le Dr Tu Youyou, a reçu le prix Nobel de médecine pour ses travaux consacrés à cette plante.
L’Afrique et la pharmacopée végétale
Dans de nombreuses régions du monde, et tout particulièrement en Afrique, la majorité des traitements restent d’origine végétale. Au Ghana, plus de 80 % des médicaments utilisés sont des préparations à base de plantes locales. En 2010, une Pharmacopée africaine a été publiée, regroupant des données scientifiques et médicales essentielles sur 51 espèces médicinales, dont Withania somnifera.
L’usage des plantes en Occident
Même dans les pays occidentaux, les plantes conservent une place notable. Environ 20 % des médicaments prescrits au sein du National Health Service britannique sont d’origine végétale. En Allemagne, 90 % des médecins prescrivent régulièrement des phytomédicaments, parmi lesquels l’aubépine (Crataegus spp.) et le palmier nain (Serenoa repens).
L’Allemagne est d’ailleurs devenue un centre mondial de recherche en phytothérapie. Dès les années 1940, ses travaux ont permis d’établir la sécurité et l’efficacité de nombreux remèdes aujourd’hui vendus sans ordonnance, comme l’échinacée (Echinacea spp.). À l’échelle mondiale, la recherche sur les plantes médicinales connaît une croissance sans précédent, avec la création de centres nationaux de recherche dans de nombreux pays.
Remèdes en libre accès
Aux États-Unis, les ventes de compléments à base de plantes disponibles sans ordonnance ont progressé de près de 50 % en six ans. En 2016, les dix plantes les plus vendues étaient :
- Curcuma (Curcuma longa)
- Herbe de blé / Orge (Triticum aestivum / Hordeum vulgare)
- Graine de lin (Linum usitatissimum)
- Aloe vera (Aloe vera)
- Sureau noir (Sambucus nigra)
- Chardon-Marie (Silybum marianum)
- Maca (Lepidium meyenii)
- Withania (Withania somnifera)
- Échinacée (Echinacea spp.)
- Palmier nain (Serenoa repens)
Ces produits, très populaires aux États-Unis, figurent également parmi les meilleures ventes mondiales. Les formules combinant plusieurs plantes connaissent elles aussi un essor croissant.
Encadrement et réglementation
Dans l’Union européenne et en Australasie, des normes de qualité et d’étiquetage encadrent la commercialisation des produits à base de plantes, garantissant ainsi une certaine fiabilité pour les produits vendus en pharmacies et magasins spécialisés. Cependant, les ventes en ligne restent plus difficiles à contrôler en matière de qualité et de sécurité. Aux États-Unis, les plantes médicinales sont classées comme compléments alimentaires et sont soumises à la réglementation de l’industrie agroalimentaire plutôt qu’à celle des médicaments.
Praticiens et formation
L’essor de la phytothérapie a entraîné une demande croissante en praticiens qualifiés, capables d’évaluer les besoins des patients et de proposer des traitements adaptés. Dans les pays occidentaux comme les États-Unis, l’Australie, l’Irlande ou le Royaume-Uni, la formation universitaire des phytothérapeutes et naturopathes est devenue courante. Ces cursus combinent l’étude des sciences médicales et de la botanique médicinale.
En Chine et en Inde, les universités de médecine traditionnelle forment des praticiens selon des standards équivalents à ceux de la médecine conventionnelle, garantissant ainsi une approche professionnelle et reconnue de la phytothérapie.