L’anorexie et la boulimie ne sont pas des pathologies à composante uniquement psychologique. Ce sont aussi les enfants d’un monde rempli de régimes hypocaloriques qui misent uniquement sur la restriction et le contrôle. Il existe pourtant d’autres voies, pleines de bon sens, normocaloriques et normoprotéiques, qui peuvent changer notre perception et nous rendre la santé… et l’appétit.
« Je ne vous mettrai pas au régime ! »
« Et ne faites pas le repas du condamné, parce que je ne vous mettrai pas au régime ! Je ne mets personne au régime ! »
Cette phrase que je dis souvent à ceux qui prennent rendez-vous avec moi peut sembler atypique de la part d’une nutritionniste, mais j’aime clarifier les choses dès le départ.
Dans cet article, nous parlerons de nourriture et d’émotions, un terrain glissant, à mi-chemin entre ceux qui pensent que le régime est un tableau de grammages du lundi au samedi (dimanche repas libre !), et ceux qui considèrent les troubles alimentaires comme des problèmes purement psychologiques.
La vérité, c’est qu’au fil des décennies, une infinité de nuances de problèmes ont émergé, causées non seulement par la qualité de la nourriture, mais aussi par bien d’autres facteurs. C’est un sujet complexe, tout comme notre psyché l’est dans sa relation à un élément aussi fondamental que la nourriture, et dans notre perception corporelle vis-à-vis du monde extérieur.
Je parlerai donc ici de ce qui relève de mon domaine : celui d’une nutritionniste qui croit que si l’on pense à la nourriture uniquement en termes de calories, on regarde le doigt et non la Lune.
Le rôle des aliments transformés sur notre cerveau
Je pourrais vous raconter comment une alimentation basée sur des produits ultra-transformés modifie rapidement le microbiote intestinal, réduisant la production de sérotonine (le neurotransmetteur du bien-être) et de GABA (essentiel à la régulation de l’anxiété). Leur absence favorise la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs, l’anxiété, la migraine, la faim nerveuse, la boulimie, et même les troubles sexuels.
Je pourrais vous expliquer comment le sucre, associé à la bonne dose de gras et de sel, influence notre comportement en atteignant le “Bliss Point”, ce pic de satisfaction lié à la libération de dopamine, qui rend ce comportement parfois compulsif.
Mais je veux surtout vous parler de ce que je vois chaque jour chez mes patientes : inconfort, instabilité émotionnelle, perte de contrôle.
Et par “contrôle”, je ne parle pas de celui qui vous interdit de manger plus de 30 grammes de pain, mais de celui qui vous permet d’arrêter quand vous êtes rassasié.
Quand les émotions dictent nos repas
Cette perte de contrôle fait que c’est la nourriture qui prend le pouvoir sur nos émotions.
Je veux vous parler de ces troubles du comportement alimentaire qui ont peu à voir avec des traumatismes passés, mais qui sont induits par une société obésogène. Une société qui, d’un côté, nous impose des standards de beauté inatteignables, et de l’autre, nous submerge de sucreries et de snacks omniprésents.
Le paradoxe des centres commerciaux
Ce conflit est évident dans l’architecture des centres commerciaux modernes, devenus des lieux de loisir :
- au rez-de-chaussée, les magasins de vêtements, avec des mannequins taille 36 aux tenues “espiègles” où le temps qui passe n’a pas sa place ;
- à l’étage supérieur, les restaurants et fast-foods où les glucides dominent, et où trouver un plat sain est quasiment impossible.
Ainsi, je me suis dit : si tu veux entrer dans un magasin en bas, évite de monter à l’étage… et vice versa.
Les femmes entre deux mondes
Combien de femmes sont coincées entre ces deux étages ?
Toujours en conflit avec elles-mêmes, dans un monde qui les critique quand elles sont “hors forme” mais aussi quand elles ne mangent pas.
C’est un problème principalement féminin :
- Les hommes prennent moins facilement du poids ;
- Un homme avec quelques kilos en plus est socialement mieux accepté ;
- Et nous, les femmes, sommes conditionnées à l’autocritique.
Nous pouvons agir sur ces trois points, en commençant dès l’enfance par renforcer l’estime de soi des jeunes filles.
L’environnement alimentaire moderne
Comment résister à l’aperitivo ou à la pizza du samedi soir, quand toute l’offre alimentaire repose sur des glucides raffinés et des sucres ?
Peu importe que la majorité se réveille le lendemain les yeux gonflés et l’énergie d’un paresseux : aujourd’hui, se réunir passe par le pic glycémique.
Manger des glucides est agréable, bon marché, rassurant.
Nous avons évolué en recherchant des calories facilement accessibles, et la société moderne nous en inonde, sachant que résister est difficile.
Le piège du “trop tard”
La satisfaction de la faim doit être rapide, car le besoin de dopamine est urgent.
Et rapide, car si je réfléchis trop, je ne le ferai pas… la culpabilité monterait.
Mais le food est plus rapide que la culpabilité, car il est partout, bon marché, dopaminergique. Irrésistible.
Une célèbre marque de desserts promet : « Un gâteau en moins de deux minutes ! »
Micro-ondes, attente, ingestion de 50 g de sucre et de graisses trans en 4 minutes chrono. Et dans une heure, vous aurez de nouveau envie de “quelque chose de bon”.
Et entre-temps : des “je ne devrais pas”, des “tant pis, c’est trop tard”… le tout saupoudré de culpabilité.
La faute aux régimes ?
Comment ce court-circuit s’est-il produit ?
Nous vivons dans un pays au patrimoine gastronomique exceptionnel. Comment manger est-il devenu aussi compliqué ?
Une large part de la faute revient à des décennies de diététique basée sur les calories, sur la restriction, sur des régimes impossibles à tenir dans le temps.
Et la “phase de maintien” ? C’est la même diète qu’avant… avec une pizza hebdomadaire. Le repas LIBRE. Comme si les autres étaient en prison.
Des mots comme repas libre, écart, restriction, associés à un acte aussi naturel que manger, creusent des tranchées entre une alimentation consciente et une alimentation artificielle. Et c’est la diététique qui les a introduits.
La culpabilité alimentaire
— « Docteure, vous m’autorisez le chocolat ? »
— « Je ne suis pas le Pape. Je n’autorise rien. Je vous explique quand il est judicieux d’en manger. »
La manie de culpabiliser le patient, de pointer ses écarts, son excès de poids, pour “améliorer l’adhésion”… produit exactement l’effet inverse.
Se répéter : je suis grosse, je dois perdre du poids, je suis faible, la nourriture est un refuge… convainc notre cerveau que c’est vrai.
Le “tant pis” : sabotage intérieur
Des années de régimes et d’écarts (rien que le mot est désagréable, non ?) ont généré des troubles alimentaires latents chez de nombreuses personnes qui, autrement, n’en auraient pas souffert.
Se priver de nourriture, surtout dans une société d’abondance, n’est pas naturel.
Tout le monde mange. Mais pas vous (parce que vous voulez rester au “niveau des vêtements taille 36”). Vous suivez le programme, vous êtes “sage”. Mais au moindre extra, tout s’écroule. Échec.
Le cerveau assimile régime à : privation → effort → échec.
Et à chaque nouvelle tentative, il vous dit : « Pourquoi tu t’infliges ça ? Faim, souffrance… et tout ça pour rien. »
La journée type d’une “chronic dieter”
Petit-déjeuner de régime (je fais la sage), déjeuner de régime (je fais la sage), retour à la maison…
Fatiguée, affamée, un biscuit… peut-être deux… bah, tant pis, j’ai déjà craqué, tout le paquet !
Le mécanisme du “tant pis !” est une forme d’auto-sabotage. Il apparaît quand on en a marre des régimes, mais qu’on se sent socialement obligé d’être mince.
Le “tant pis” naît du concept même d’écart, de repas libre, de la dichotomie entre “être sage” et “perdre le contrôle”, entre “se permettre” et “se retenir”.
Ces mots enseignent un dualisme au cerveau, incompréhensible pour ceux qui ne le vivent pas, des sables mouvants pour ceux qui y sont piégés.
Sortir des sables mouvants
Pour en sortir, il faut d’abord les voir. Ou les faire voir au patient.
Lui faire comprendre que tout n’est pas de sa faute. Que certains comportements sont dus à la chimie des aliments, aux pics glycémiques, à la malnutrition causée par l’alimentation industrielle.
Essayez donc de résister à un apéritif avec pizza, le ventre vide, après une diète à 1000 calories et dix régimes ratés.
Maintenant, essayez à nouveau, mais avec une alimentation solide, équilibrée, nourrissante, satisfaisante. Avec l’esprit lucide, dégagé, motivé. Et avec des nouvelles règles alimentaires que vous avez comprises et adoptées.
L’aperipizza ne sera alors plus une perte de contrôle, mais un choix libre.
L’histoire de Sara : une journée dans la peau d’une “régimeuse chronique”
Je vais vous raconter l’histoire de Sara, une femme dans la cinquantaine, qui se bat depuis des années avec son poids.
Sara se réveille à 6h30.
Elle se regarde dans le miroir : « J’ai un gros ventre ».
Petit-déjeuner :
- Café au lait écrémé
- Deux galettes de riz (parce que le pain, ça fait grossir)
- Une pomme (mais pas la banane, trop sucrée)
Elle part travailler avec une pensée fixe : « Aujourd’hui, je tiens bon ! »
À 10h30, un petit creux. Elle boit un autre café. Pas question de « craquer ».
Déjeuner :
- Deux blancs de poulet grillés
- Une cuillère d’huile d’olive
- Une salade verte
- Une galette de riz en guise de pain
Elle mange tout ça rapidement, entre deux réunions. Mais elle a encore faim. Elle se dit : « Je suis insatiable. Je dois avoir un problème ».
À 16h00, elle rentre à la maison. Elle passe devant une boulangerie. L’odeur du pain chaud la frappe.
« J’ai faim, mais je vais tenir bon. »
Elle arrive chez elle, ouvre le placard : il y a des biscuits de ses enfants.
Elle en prend un.
Puis un deuxième.
Puis un troisième.
Et puis : « Tant pis ! »
Elle mange tout le paquet.
Puis se sent coupable. Honteuse.
Et se jure que demain, elle recommencera le régime.
Ce que nous pouvons faire
Si vous vous êtes reconnu dans Sara, vous n’êtes pas seule.
Il faut changer la narration intérieure :
- Cesser de penser en termes de restrictions, interdits, péchés et craquages.
- Repenser la nourriture comme source de bien-être, non comme un champ de bataille.
- Comprendre que votre comportement alimentaire n’est pas une faute morale, mais le résultat d’un environnement alimentaire dysfonctionnel et de régimes inadaptés.
La solution ne passe ni par un contrôle rigide, ni par l’abandon.
Mais par la connaissance, la régularité, l’écoute de ses besoins réels, et l’acceptation de ses émotions sans les enfouir sous des calories vides.
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Revenir à l’essentiel : bien se nourrir
Apprendre à manger de façon nourrissante et régulière, c’est retrouver :
- Une énergie stable
- Moins d’obsessions alimentaires
- Un meilleur sommeil
- Un meilleur rapport à soi-même
- Et souvent, un poids naturellement régulé
Parce qu’un corps bien nourri n’a pas besoin de compulser.
Parce qu’un esprit respecté n’a pas besoin de se punir.
Suggestion naturelle : un soutien pour votre métabolisme
Bien que le vrai changement passe par une alimentation équilibrée et régulière, certains compléments naturels peuvent vous aider à réactiver un métabolisme ralenti, surtout en période de fatigue ou de déséquilibres hormonaux.
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Conclusion : sortir du cercle vicieux
On ne sort pas de ce cercle avec un autre régime, mais avec une rééducation alimentaire lucide, sans violence, sans peur, sans récompense-punition.
Et ça commence par une promesse simple :
👉 Je ne me mets plus au régime. Je me mets à me nourrir.