Il semble que ce soit un sujet qui bénéficie enfin d’une meilleure visibilité dans certains médias et en ligne, grâce surtout au courage et à la persévérance des femmes qui en souffrent. Pourtant, l’endométriose reste une maladie encore largement invisible et méconnue dans le monde du travail.
Quand on regarde les faits, les femmes qui reçoivent enfin un diagnostic représentent cette statistique souvent citée : une femme sur dix en souffre. Si l’on applique ce chiffre au monde du travail, selon votre environnement professionnel, cela signifie potentiellement des centaines de femmes qui accomplissent leurs tâches quotidiennes, tout en souffrant en silence.
Pendant des années, j’ai moi-même ignoré la cause de mes douleurs. Ce n’est qu’après mon diagnostic en 2016 que j’ai compris le poids qu’elles avaient eu sur ma carrière et ma vie quotidienne.
Mon expérience : vivre avec l’endométriose au travail
En sortant de l’université, j’ai décroché mon emploi de rêve dans le marketing musical. Mais rapidement, mes douleurs menstruelles intenses ont commencé à interférer avec mon quotidien professionnel. Réunions écourtées, excuses embarrassées, pauses forcées aux toilettes… L’endométriose m’empêchait de fonctionner « normalement ».
Plus tard, en travaillant dans la télévision, j’occupais un poste plus senior. Cette fois, je devais diriger des réunions malgré la douleur. Entre antalgiques, force mentale et courage, je tentais de cacher ce que je vivais.
Ce n’est qu’avec un diagnostic clair que j’ai pu mettre un mot sur cette maladie et enfin comprendre que je n’étais pas faible, mais atteinte d’une pathologie chronique invalidante.
Pourquoi il est essentiel d’en parler à son employeur
Parler de son endométriose au travail n’est pas facile, mais cela peut changer beaucoup de choses. Sensibiliser son employeur permet :
- de légitimer la maladie,
- d’obtenir des aménagements de travail,
- et de réduire le stress lié aux absences ou aux difficultés de concentration.
Plus vous êtes transparente, plus votre entreprise pourra vous soutenir.
Conseils pratiques pour aborder l’endométriose avec son employeur
Voici mes recommandations si vous souffrez d’endométriose et que vous devez gérer votre carrière en parallèle :
- Insistez pour obtenir un diagnostic. Vérifiez la liste des symptômes, soyez persévérante. Ne laissez personne vous dire que vos douleurs ou une infertilité inexpliquée sont « normales ». C’est une maladie qui change la vie. Plus vite vous avez un diagnostic clair, plus vite vous pouvez avancer. Si votre employeur propose une couverture santé, vérifiez si vous pouvez en bénéficier pour être suivie et opérée.
- Parlez-en. Trouver quelqu’un de confiance au travail peut soulager une partie du fardeau. Avant de savoir, je me sentais honteuse, coupable, « la fille avec des règles terribles ». Mais vous n’êtes pas seule. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
- Cherchez du soutien interne. Voyez s’il existe des groupes ou associations dans votre entreprise pour sensibiliser à l’endométriose. HR peut-il aider ? Y a-t-il des politiques de soutien pour les maladies chroniques ?
- Soyez honnête avec votre supérieur. Ouvrir le dialogue renforce le respect mutuel. Expliquez comment la maladie se manifeste, son impact sur votre quotidien et ce qui pourrait vous aider lors des crises. Plus votre employeur comprend, mieux il pourra vous soutenir.
- N’hésitez pas à vous arrêter. Oui, vous êtes malade. Ce n’est pas « juste » une douleur de règles, c’est une maladie.
- Demandez des aménagements. Télétravail ponctuel, horaires flexibles… travailler depuis son canapé avec une bouillotte, en pyjama, reste du travail.
- Prenez soin de votre santé mentale. L’endométriose n’est pas qu’une souffrance physique. Les émotions, le stress, l’anxiété, voire la dépression, peuvent s’ajouter. Votre employeur propose-t-il des thérapies de soutien ?
- Éduquez les RH. Des ressources comme endofrance.org proposent même un label « Endometriosis Friendly Employer ». Une piste intéressante pour inciter votre entreprise à s’engager.
- Un retour progressif après une chirurgie. Qu’il s’agisse d’une laparoscopie ou d’une hystérectomie, planifiez avec votre employeur une reprise adaptée. Votre corps a besoin de temps.
- Continuez d’être courageuse. Vivre avec l’endométriose fait déjà de vous une battante. Mais en parlant ouvertement de la santé des femmes, vous contribuez à changer les mentalités. Trop longtemps, ces sujets ont été mis de côté. Il est temps de créer un vrai changement.
Conclusion : changer les mentalités sur la santé des femmes au travail
Vivre avec l’endométriose est un combat quotidien. Mais ouvrir la discussion avec son employeur est une étape essentielle pour mieux vivre sa carrière et alléger sa charge physique et mentale.
Plus les femmes partageront leurs expériences, plus le monde du travail deviendra inclusif et adapté aux réalités de la santé féminine.