À quelle fréquence êtes-vous d’accord avec votre partenaire sur ce que vous allez manger pour le dîner ? Peut-être qu’il ou elle a déjeuné copieusement et préfère une salade, tandis que vous rêvez de comfort food après une journée stressante.
Ou bien vous sortez dîner et l’un veut des sushis alors que l’autre pense à un bon burger. Cela vous semble familier ? Même si c’est agaçant, on accepte qu’il est rare d’être parfaitement aligné avec quelqu’un sur des choix aussi simples que le repas.
Pourtant, on n’applique pas ce même état d’esprit au désir sexuel, alors qu’un décalage dans la libido est tout aussi courant. « Les divergences de désir entre nous et la personne avec laquelle nous avons une relation sexuelle sont tellement fréquentes qu’elles devraient être considérées comme la norme plutôt que l’exception. » En effet, une étude de 2015 a révélé que jusqu’à 80 % des couples vivent régulièrement une forme de décalage dans leur désir sexuel.
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Non seulement le déséquilibre du désir sexuel est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense, mais notre compréhension de la libido est également souvent erronée. Beaucoup d’entre nous considèrent la libido comme un état fixe venant de l’intérieur, alors que les experts affirment qu’elle peut varier fréquemment et rapidement.
Les raisons peuvent être d’ordre psychologique (stress, fatigue, manque de connexion émotionnelle), ou physiques (médicaments, fluctuations hormonales dues à la grossesse ou à la ménopause). La libido fluctue naturellement au fil de la vie et dépend entièrement du contexte.
Lorsqu’une personne dit « j’ai une libido élevée », cela signifie simplement qu’elle pense l’avoir plus haute que ce qu’elle perçoit comme « normal » selon la culture, la pornographie ou ses amis. Mais en réalité, il n’existe pas de norme. En acceptant que notre libido est changeante, on ouvre la porte à une infinité de possibilités pour notre vie sexuelle.
Le stéréotype de genre
On pense souvent que les femmes ont une libido plus faible que les hommes — mais est-ce vraiment vrai ? Une enquête mondiale menée par Headspace a montré que sept femmes sur dix ont déjà ressenti une baisse de libido, tandis que l’on estime qu’un homme sur cinq est concerné par ce phénomène.
Les deux sexes peuvent donc connaître une perte de désir. Jusqu’à 15 % des hommes et 32 % des femmes souffrent de « trouble du désir sexuel hypoactif » (HSDD), défini comme une absence persistante d’intérêt pour les activités ou fantasmes sexuels, causant une détresse personnelle.
Alors pourquoi continue-t-on à penser que les hommes sont obsédés par le sexe et les femmes peu intéressées ?
Comme l’explique l’éducatrice sexuelle Emily Nagoski dans son livre « Come As You Are », les femmes ont tendance à avoir un désir dit « réactif » alors que les hommes vivent davantage un désir spontané. Le désir réactif a besoin d’un élément déclencheur (un toucher sensuel, par exemple), mais cela ne signifie pas pour autant que la personne a une libido plus faible.
Le rôle de la testostérone dans la libido ne peut pas non plus être ignoré. On ne comprend pas encore pleinement comment la testostérone influence la libido, mais hommes et femmes présentant une faible production de testostérone rapportent souvent une baisse du désir.
Chez la femme, la testostérone diminue naturellement au fil du temps, notamment durant et après la ménopause. Elle peut être prescrite en cas de baisse de libido liée à la ménopause, bien que les résultats soient variables. « Un faible taux d’œstrogènes peut également entraîner une chute de la libido. Il est donc conseillé d’optimiser d’abord un traitement hormonal substitutif (THS), ce qui peut parfois suffire à résoudre le problème. »
La libido concerne tout le monde
On ne devrait pas s’intéresser à sa libido uniquement lorsqu’on est en couple. Si la sexualité faisait partie de votre vie et qu’elle disparaît soudainement, il est normal d’éprouver un sentiment de perte, que vous soyez en couple ou non. Si cela devient un problème pour vous, ne patientez pas jusqu’à la prochaine relation pour l’aborder.
Gérer les déséquilibres de désir

Une libido faible (ou élevée) n’est pas un problème en soi. Tant que les deux partenaires sont satisfaits de la qualité et de la fréquence des rapports, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Mais si l’un des deux se sent insatisfait ou frustré, il est utile d’explorer les raisons du déséquilibre pour éviter les tensions ou le ressentiment.
Souvent, la dynamique se répète : la personne ayant le plus de désir se sent rejetée et blessée, comme si elle portait seule la charge de la sexualité dans le couple. Celle ayant le moins de désir peut se sentir sous pression, voire coupable. Plus ce cycle s’installe, plus il est difficile de le briser.
Voici quelques moyens simples pour rétablir un équilibre :
1. Ouvrir le dialogue
Parlez avec votre partenaire avec bienveillance, sans reproches. Exemple si vous avez plus de désir : « J’aimerais qu’on passe un moment ensemble ce soir, juste tous les deux, j’en ai envie et tu me manques physiquement. Qu’en dis-tu ? » Cette approche enlève la pression d’un acte sexuel imposé. La pression tue le désir.
2. Reconnaître le désir réactif
Selon la Dre Gurney, beaucoup pensent à tort qu’il faut attendre de ressentir du désir avant d’avoir une relation sexuelle. En réalité, plus on est en couple depuis longtemps, moins le désir surgit de lui-même. Il faut souvent un déclencheur : un câlin sur le canapé, parler d’amour, etc. Identifier ces déclencheurs est libérateur.
3. Prévoir du temps au lieu de le trouver
Planifier du temps à deux peut sembler peu romantique, mais c’est essentiel. Contrairement aux films, le sexe spontané n’est pas la seule voie vers une intimité épanouie. Créer des moments partagés permet au désir d’apparaître naturellement. Il ne s’agit pas de planifier du sexe, mais un temps d’intimité sans attente précise.
4. Prendre une « douche en pleine conscience »
Sous la douche, explorez votre corps sensuellement (sans toucher génital au départ), en prêtant attention aux sensations. Cela aide à se reconnecter à son corps. Cette pratique, appelée « focus sensuel », est utilisée en thérapie pour réduire l’anxiété sexuelle.
5. Penser au-delà de la chambre à coucher
La majorité du travail se fait en dehors de la chambre. Brisez la routine : essayez une nouvelle activité ensemble. Voir son partenaire différemment peut réveiller le désir. Une balade, un bain en mer, une danse improvisée peuvent raviver la flamme.
6. Augmenter la « monnaie sexuelle »
Ce terme s’agit de petits gestes intimes (embrassade, compliment, main tenue) qui ne sont pas directement sexuels. Ces attentions renforcent la connexion et facilitent l’émergence du désir. Cela aide aussi à sortir du schéma : « Tu ne me touches que pour avoir du sexe. » En misant sur la tendresse sans objectif, on rééquilibre la relation.
7. Envisager l’utilisation d’un aphrodisiaque naturel
Certaines plantes ou compléments naturels comme le maca, le ginseng ou le tribulus peuvent soutenir le désir sexuel en douceur. Parlez-en avec un professionnel de santé pour choisir une formule adaptée à vos besoins et sans risques d’interaction.
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Conclusion
La libido est une composante vivante, changeante et naturelle de notre santé intime. Plutôt que de la considérer comme un problème à résoudre, il est plus sain de l’envisager comme un baromètre de notre bien-être global, émotionnel, relationnel et physique. En ouvrant le dialogue, en s’accordant du temps, en explorant de nouvelles formes de connexion et en considérant des aides naturelles, chaque couple peut créer un espace bienveillant propice à l’épanouissement du désir. Et surtout, il est essentiel de se rappeler que l’intimité ne se mesure pas uniquement en fréquence, mais en qualité, en écoute et en plaisir partagé.